parole libre

Publié le 24 Septembre 2013

A l'occasion de la remise du prix Stig Dagerman, destiné à promouvoir la parole libre, Eduardo Galeano, écrivain uruguayen, a écrit ce texte que je partage avec qui veut le lire et, peut-être faire sien.

Tous mes voeux de chaleur, d'amitié, d'enthousiasme, de légèreté...

 

P1030526- photo Adrien MilonCher Stig,
Espérons que nous serons dignes de ton espérance désespérée.
Espérons que nous aurons le courage d’être seuls et la vaillance d’être ensemble, parce qu’une dent ne peut rien hors de la bouche, comme un doigt coupé de la main.
Espérons que nous saurons désobéir chaque fois que nous recevrons des ordres qui humilient notre conscience ou qui violent notre sens commun.
Espérons que nous saurons mériter d’être traités de fous, comme les Mères de la Place de Mai, pour avoir commis la folie de refuser d’oublier, malgré cette époque d’amnésie obligatoire.
Espérons que nous serons assez têtus pour continuer à croire, contre toute évidence, que la condition humaine en vaut l’effort, parce que nous avons certes été mal faits, mais nous nous faisons encore.
Espérons que nous serons capables de suivre les chemins du vent, malgré les chutes et les trahisons et les défaites. Parce que l’histoire continue au-delà de nous, et que lorsqu’elle dit adieu, elle veut en vérité dire au revoir.
Espérons que nous saurons garder la certitude que l'on peut être compatriote et contemporain de tous ceux qui sont mus par la volonté de justice et le désir de beauté, où qu’ils soient nés, où qu’ils vivent, car les cartes de l’âme et du temps n’ont pas de frontières.


Rédigé par anne-laure néron-eduardo galeano

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